Le 6 juin 2023, Agir ensemble et Coeur Arc-en-Ciel ont co-organisé un webinaire sur la désoccidentalisation de la lutte pour les droits des minorités sexuelles et de genre en Afrique centrale. Jean-Claude PONGAULT ELONGO, directeur exécutif de l’organisation Coeur Arc-en-Ciel, nous a partagé ses réflexions et ses expériences.
Selon le Directeur de Cœur Arc-en-Ciel, « l’utilisation de l’acronyme LGBTQIA+ a été privilégié au début du mouvement pour des questions d’identité, mais sur le terrain les personnes s’identifiaient autrement ». Encore aujourd’hui, les minorités sexuelles et de genre en Afrique sont confrontées à l’importation d’une culture étrangère qui leur est imposée, reproduisant ce qui se fait ailleurs, sans tenir compte des spécificités nationales. Cette occidentalisation est un obstacle dans la mise en œuvre des actions en Afrique centrale, et est utilisée pour justifier le discours selon lequel l’homosexualité a été importée par l’Occident.
Pour déconstruire cette idée, un atelier de réflexion a été organisé par Cœur Arc-en-Ciel en novembre 2019. L’objectif était de sensibiliser l’opinion publique et de développer des stratégies adaptées au contexte régional. Cette réunion a permis d’aboutir à diverses conclusions, notamment le choix d’adopter le concept de « minorités sexuelles et de genre », en reléguant l’acronyme LGBTQIA+ au second plan afin de respecter les identités culturelles et de permettre à chacun·e de s’identifier librement. Iels souhaitent également mettre en avant la culture locale comme le « kipopo », culture des homosexuels de Kinshasa qui s’est exportée au Congo. Ainsi, l’organisation Cœur Arc-en-Ciel brandit le slogan suivant : « remplacer le copier-coller par l’inspirer-contextualiser ».
Pour appuyer ce travail de sensibilisation, plusieurs actions majeures ont été menées comme la diffusion de l’article scientifique de Charles Gueboguo, « L’homosexualité en Afrique : sens et variations d’hier à nos jours ». Cœur Arc-en-Ciel a aussi organisé des événements de célébration de la fierté et des productions artistiques de sensibilisation et de plaidoy’art (faire du plaidoyer à travers l’art), comme le film « Michel-le-s ». En s’éloignant des modèles occidentaux et en se concentrant sur les réalités et les identités locales, le mouvement cherche à déconstruire les idées préconçues.
Malgré tous ces progrès, certains défis subsistent, notamment le manque de données scientifiques et de recherches sur l’existence des minorités sexuelles et de genre en Afrique centrale.