[ÉVÉNEMENT] « Le viol est une arme, une bombe à retardement qui affecte les communautés » : rencontre avec Justine Masika Bihamba, héroïne de la lutte contre les violences sexuelles

Le 11 mars 2024, Agir ensemble pour les droits humains, l’association Femmes ici et ailleurs et l’antenne lyonnaise de la Fondation des Femmes ont organisé une rencontre avec Justine Masika Bihamba, héroïne engagée dans la lutte contre les violences sexuelles en République Démocratique du Congo.

Cette rencontre, animée par Pierre-Yves Ginet (auteur du livre Femmes en résistance) a permis de revenir sur le combat de cette défenseuse des droits humains qui, aux côtés des 35 organisations du réseau Synergie des Femmes pour les Victimes des Violences Sexuelles (SFVS), a sauvé la vie de milliers de femmes en leur permettant de « devenir des actrices du changement ».

« Vous pensez que la guerre en RDC est loin, mais elle est toute proche : dans vos téléphones, vos voitures »

Justine Masika Bihamba

Depuis de nombreuses années, l’est de la RDC est dans une situation chaotique en raison du pillage organisé des ressources naturelles – notamment du coltan et du cobalt, les minerais utilisés dans la construction des batteries de téléphone et de voiture – par certains pays voisins, comme le Rwanda, qui soutiennent des milices armées. Depuis 2021, en particulier, le M23 déstabilise la région en créant de nouveaux épisodes de violences et de conflits localisés. Les femmes et les filles sont les premières ciblées dans le conflit, car les groupes armés commettent des massacres et des viols de masse, qui restent pour la plupart impunis.

« Je veux aider mes sœurs en restant au Congo, c’est là où je suis utile »

C’est dans ce contexte géopolitique que s’inscrit l’engagement de Justine Masika Bihamba, qui décrit le viol comme « une arme, une bombe à retardement qui affecte les communautés ». Au sein du réseau SFVS, elle accompagne les femmes et filles victimes de violences sexuelles qui sont rejetées par leur communauté, et les aident à se reconstruire. Ce processus passe par le soutien à la médiation avec la famille, l’aide à la réinsertion professionnelle, mais également l’accompagnement en justice pour lutter contre l’impunité des agresseurs.

Le travail de défense des droits humains que mène Justine Masika est indispensable dans ce contexte ; il permet notamment d’interpeller la communauté internationale, qui reste encore trop silencieuse face à ces crimes. Ce travail n’est cependant pas sans risques : il se fait parfois au prix de menaces directes sur elle ou ses enfants.

C’est pour cette raison qu’Agir ensemble pour les droits humains s’engage aux côtés des défenseuses et défenseurs des droits humains (DDH) menacé·es ou victimes de représailles pour avoir osé élever la voix. Grâce à son Fonds d’urgence en RDC – dont Justine Masika a pu bénéficier – Agir ensemble a apporté une protection à de nombreux·ses DDH en danger du fait de leurs activités.

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