Lettre ouverte de l’EurAc sur la situation sécuritaire à l’est de la République démocratique du Congo

Dans le contexte d’une dégradation considérable de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC et d’un regain inquiétant des tensions sous-régionales, le réseau Europe-Afrique centrale (EurAc) – qui regroupe 33 ONG travaillant avec la société civile dans la région des Grands Lacs– signe une lettre ouverte aux côtés de seize autres organisations de la société civile européennes.

Cette lettre ouverte met l’accent sur les préoccupations identifiées par les partenaires locaux et appelle l’Union européenne à nommer un⋅e Représentant⋅e Spécial⋅e pour la paix dans la région des Grands Lacs pour corriger les incohérences de sa politique extérieure.

Alors que l’Union européenne (UE) et ses États membres affirment, au travers de leur stratégie renouvelée pour les Grands Lacs, que « la sécurité, la stabilité et la prospérité des pays de la région des Grands Lacs restent une priorité stratégique pour l’UE », les organisations co-signataires expriment leur profonde inquiétude face à l’escalade de la violence et la dégradation de la situation humanitaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Elles questionnent la réponse inadéquate et non coordonnée de l’UE et de ses États membres dans la région, et les exhortent à intensifier leur engagement diplomatique dans la région afin de prévenir une dégradation de la situation. 

Les 17 organisations co-signataires recommandent à l’UE et à ses États membres de :

➡️ Nommer urgemment un·e Représentant·e Spécial·e de l’UE (RSUE) dans la région et prévoir des dispositions budgétaires suffisantes pour la bonne exécution de son mandat, afin de faciliter les processus de dialogue entre les parties prenantes et de réaffirmer la volonté de l’UE de s’engager activement en faveur de la paix dans la région. Le mandat du RSUE devrait être fortement axé sur la paix et la sécurité, la médiation, la bonne gouvernance, l’État de droit et les droits humains.

➡️ Continuer de condamner publiquement et fermement toute collusion ou coopération avec les groupes armés actifs dans l’est de la RDC, et en particulier le soutien du Rwanda au M23, et celui des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) aux FARDC. À ce titre, la pression et la suspension de l’aide au Rwanda par plusieurs puissances étrangères en 2012 avaient contribué à la désescalade du conflit. 

➡️ Conditionner le soutien d’aide militaire à l’armée rwandaise (dans le cadre de la Facilité européenne pour la paix) à l’engagement de retrait immédiat de soutien de l’armée rwandaise au M23.

➡️ Encourager les autorités congolaises à trouver, avec ses partenaires de la communauté internationale, et en consultation étroite avec la société civile congolaise, les dispositions nécessaires afin d’éviter un vide sécuritaire dans le contexte de départ de la MONUSCO.

➡️ Soutenir un renforcement de la présence de l’État, et notamment de la police, dans les provinces, notamment celles touchées par le retrait progressif des contingents de la MONUSCO, tout en garantissant une application des lois conformes aux droits humains.

➡️ Accroître son financement de l’aide au développement et de l’aide humanitaire en faveur de la RDC, en traitant les causes profondes des conflits, notamment en ce qui concerne le soutien à la lutte contre l’impunité et celui de l’accès et de la jouissance des droits économiques et sociaux. Dans un contexte fragile de crises prolongées comme celui de la RDC, l’engagement de l’UE envers la programmation Nexus dans l’est de la RDC demeure de la plus haute importance.

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