Table ronde « Comment défendre les droits humains et l’environnement en exil ? » : un moment d’échange poignant aux côtés de grands témoins venu·e·s de RDC

Le jeudi 23 novembre, Agir ensemble pour les droits humains et le Secours populaire ont organisé une table ronde sur le thème « Comment défendre les droits humains et l’environnement en exil ? ». Le public est venu nombreux pour échanger avec Desanges Angélique Mayenga et Vicar Batundi Hangi, défenseur·euse·s des droits humains en République Démocratique du Congo, ainsi que Rémi Orsier, directeur de la fondation genevoise du DOCIP.

C’est dans l’élégante salle des mariages de la Mairie du 7ème arrondissement que le public était rassemblé jeudi 23 novembre pour assister à une table ronde animée par Margaux Chassagnon (Agir ensemble) et Sébastien Thollot (Secours Populaire). Desanges Angélique Mayenga et Vicar Batundi Hangi, activistes pour les droits humains et l’environnement en République Démocratique du Congo, et membres de l’ONG FDAPID (Foyer de Développement pour l’Autopromotion des Personnes Indigentes et en Détresse) ont échangé avec Rémi Orsier, directeur de la fondation genevoise du DOCIP, qui soutient les droits des Peuples Autochtones en leur apportant un soutien technique dans leurs missions de plaidoyer et documente leurs interventions auprès de l’ONU.

Les différentes prises de parole de nos invité∙e∙s ont permis de dresser un état des lieux préoccupant de la situation géopolitique et environnementale en République Démocratique du Congo, et de souligner l’importance de ce pays continent dans la lutte contre le réchauffement climatique à l’échelle planétaire.

La RDC, entre richesse des ressources naturelles et violations des droits humains

Véritable réserve de carbone, le territoire de la RDC est recouvert à 80 % par des forêts primaires, et abrite plus de 4 000 espèces animales et végétales endémiques, dont de nombreuses espèces en danger critique d’extinction. Les tourbières tropicales de la province de l’Équateur absorbent et contiennent de gigantesques stocks de CO2. L’équilibre climatique mondial, mais également la survie des communautés locales qui vivent dans ces zones humides, dépendent directement de la préservation de cet écosystème unique.

Depuis de nombreuses années, le pays est cependant destabilisé par de nombreux conflits armés liés à l’accaparement illicite des ressources forestières et minières. Les populations locales sont les premières victimes de ce désastre environnemental à grande échelle ainsi que des exactions commises par les groupes armés qui contrôlent les trafics de métaux précieux. Parmi ces populations, les communautés Autochtones Pygmées sont particulièrement vulnérables : ces anciens peuples nomades vivant de la forêt subissent aujourd’hui de plein fouet la violation de leurs droits, la spoliation et l’éviction de leurs terres ancestrales, et sont acculés à la sédentarisation forcée.

La difficile réalité de l'engagement pour les droits humains en RDC

C’est dans ce contexte géopolitique que s’inscrit l’engagement des membres de l’ONG FDAPID : Desanges Angélique Mayenga et Vicar Batundi Hangi luttent tous deux pour la préservation des aires protégées en RDC, en plaçant les populations autochtones au centre de la démarche de conservation. Tous deux sont particulièrement impliqués dans la lutte contre la torture, les traitements cruels et la violence physique et sexuelle qui s’exercent contre les Populations Pygmées dans leur pays. « J’ai assisté à des actes de tortures contre des Pygmées dans mon village, quand j’étais petit », raconte Vicar lors de la table ronde. « Cela a été décisif dans ma volonté de m’engager comme défenseur des droits humains », explique-t-il.

Cette table ronde a en effet été l’occasion pour nos invité∙e∙s de décrire les raisons de leur engagement dans la défense des droits humains et de l’environnement, mais également les risques que cela entraîne dans leur travail, puisqu’ils·elles subissent des menaces et des intimidations régulières lors de leurs actions.

De son côté, Desanges a partagé son expertise concernant les violences basées sur le genre (VBG) et le lien qui unit la lutte environnementale à celle pour les droits des femmes et des enfants. Ce sont deux combats qu’elle qualifie de « causes communes », puisque la destruction des écosystèmes s’accompagne systématiquement de violences sexistes, sexuelles et économiques, ayant des répercussions directes sur les capacités de subsistance, d’accès aux soins et à la santé sexuelle et reproductive des femmes et adolescentes Autochtones Pygmées.

L’intervention de Rémi Orsier a été l’occasion de rappeler que la préservation de l’environnement doit se faire en collaboration avec les Peuples Autochtones, car ceux-ci vivent dans les zones qui abritent le plus de biodiversité, et ont toujours fait un usage raisonné des ressources naturelles. « Les communautés autochtones sont la première source de connaissance et d’expertise concernant l’environnement, la forêt, et les modalités de leur protection, devant les scientifiques. Créer des zones naturelles protégées en évinçant les Autochtones est un non-sens », pointe le directeur du DOCIP. Depuis Genève, la fondation du DOCIP apporte un soutien technique aux délégations autochtones, en leur facilitant l’accès aux ressources et aux personnes clés pour mener leurs missions de plaidoyer auprès de l’ONU et des instances européennes, « sans jamais prendre la parole à leur place » souligne Rémi Orsier.

Retour haut de page