Paroles d’acteur∙ice∙s : 25 ans de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme

L’année 2023 marque les 25 ans de la Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme. Retour sur les accomplissements et défis auxquels sont confronté∙e∙s les défenseur∙se∙s des droits humains avec deux partenaires d’Agir ensemble.

©Ernesto Guzman

Le 9 décembre 1998, la « Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme » était adoptée par son Assemblée générale. Le 15 mars 2023, pour célébrer ce vingt-cinquième anniversaire, Mary Lawlor, Rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs et défenseuses des droits humains, a présenté un rapport intitulé « Persévérance et solidarité : les clés de 25 ans de réussite en matière de défense des droits humains ». Ce rapport déplace l’attention des violations commises contre les défenseur∙se∙s des droits humains (DDH) vers l’exposition d’un large panel d’accomplissements des DDH « non crédités et non reconnus » depuis l’adoption de la Déclaration. Les grandes lignes de ce dernier détaillent les aboutissements qui ont jalonné ces années, parmi lesquelles : la modification des lois, la libération de personnes de prison, la dénonciation de corruption et la fourniture d’une aide humanitaire aux DDH à risque.

Du côté d’Agir ensemble pour les droits humains, nous célébrons également les réalisations des DDH au cours des 25 dernières années avec la mise en lumière de l’engagement et le succès des DDH que nous accompagnons en donnant la parole à deux d’entre eux∙elles. Vicar Batundi Hangi, défenseur des droits humains à Goma dans la province du Nord Kivu dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), et Kénia, défenseuse des droits humains de Buenaventura dans le département de Valle del Cauca en Colombie, ont accepté de nous faire part de leur perception des grandes réalisations atteintes par les militant∙e∙s des droits humains.

Kénia nous a expliqué que depuis 25 ans, en Colombie, si des changements positifs ont été réalisés dans le cadre du travail des leaders sociaux, notamment concernant le droit à la vie et l’environnement, ce n’est qu’aujourd’hui que les communautés de leaders sociaux ont une meilleure connaissance de leurs droits et des mécanismes permettant de les faire respecter. Ceci leur permet de « s’organiser elles-mêmes », à l’heure où le sens du devoir envers la communauté s’est renforcé ces dernières années, « précisément en raison de toutes les situations d’injustice auxquelles les communautés ont dû faire face ». La défenseuse déclare que la Colombie est « le pays qui compte le plus grand nombre d’assassinats de leaders sociaux au monde » et « le pire pays dans lequel un défenseur des droits humains puisse vivre ». En effet, depuis 2016, plus de 400 DDH ont été tué∙e∙s selon le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) des Nations Unies. Le contexte colombien engendre le fait qu’être un leader social demeure un travail à « haut risque » et s’effectue « dans la peur ». Afin d’y pallier, selon elle, « Les autorités nationales et internationales doivent rendre visibles et répondre aux risques encourus par les DDH ».

Quant à Vicar Batundi Hangi, il explique que la « Déclaration des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l’Homme » est un instrument « utilisé comme arme de secours » par les acteur∙ice∙s dans les débats autour des droits des DDH, notamment dans l’actualité récente des débats parlementaires entourant le processus de proposition de loi portant protection des DDH en RDC. Alors qu’en avril 2021, 163 cas de violations et abus des droits des DDH et des journalistes ont été documentés en RDC, malheureusement, la majorité des Etats et des DDH ne connaissent pas l’existence de cette Déclaration. Il soulève donc la « nécessité que cet instrument soit vulgarisé et utilisé par les acteurs étatiques et non étatiques, y compris les cours et tribunaux ainsi que les services de sécurité », tout comme le fait que les organisations comme le Comité International de la Croix-Rouge devraient « intégrer la Déclaration dans leur projets et programmes au même titre que le droit humanitaire international » afin de pousser « les rebelles et/ou groupes armés à respecter les droits des DDH dans les zones qu’ils∙elles contrôlent ».

Ces deux DDH ont souhaité mettre en exergue que la protection des droits des DDH se doit de constituer une priorité tant pour les gouvernant∙e∙s nationaux et internationaux, que pour les organisations de la société civile, et que, la Déclaration ne suffit pas pour une efficiente protection. Il est vrai que du progrès reste à faire, en 2021, 358 DDH ont été assassiné∙e∙s dans le monde comme le montre le rapport de 2021 rassemblant les données des organisations nationales et internationales portant l’initiative Human Right Memorial (HRD). Kénia et Vicar Batundi Hangi, de la même façon que le rapport de Mary Lawlor, mettent en évidence la nécessité pour les Etats et les personnes au pouvoir de changer leur discours afin de protéger les DDH et de lutter contre les agendas anti-droits, et soulignent l’importance de reconnaître fréquemment et publiquement le travail légitime des DDH.

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